Encore un collègue du Parlement avec qui je tombe nez-à-nez. C'est à croire que je vais tous les rencontrer. Ce qui, je l'avoue, ne m'arrange pas du tout. D'autant que celui là fait référence à ma blessure. Bien sûr qu'ils sont tous au courant, mais s'ils espèrent que cela va m'empêcher de l'ouvrir pendant les séances, ils se mettent le doigt dans l’œil et jusqu'au coude. Je lui fais bien comprendre, avec un sourire satisfait avant de reprendre tranquillement ma route comme si de rien était.

Pendant un petit temps je ne croise personne, du moins personne qui ne me ralenti. Seulement je fini par tomber sur un homme avec qui j'aimerais bien discuter. « Pardonnez-moi. Vous êtes l'inspecteur Easton, non ? » Je lui tend alors la main. Je sais que c'est lui, mais si je ne veux pas éveiller de soupçon je vais devoir la jouer serrée. « Permettez-moi de me présenter Lord Blake Paterson. J'étais une connaissance de feu Sir Nicholson et de son fils. Ainsi que de sa veuve. » Veuve que je vais tout faire pour protéger. Elle est des nôtres. Elle est dans l'Ordre, alors si avoir cet inspecteur sous la main me permettrais peut-être de faire en sorte qu'il la lâche un peu. Mais en attendant. « J'aimerais vous parlez un de ces jours. Si vous le permettez. Dans votre bureau si vous voulez. Mais en attendant tachons de sortir d'ici vous voulez bien. »

Je ne lui laisse pas vraiment le choix et commence à avancer en lui faisant signe de me suivre.

Le labyrinthe semble jouer de vilains tours à certains. Ici un officier de l'armée britannique, pourtant renommé pour son esprit acéré, vient de tourner à droite quand il aurait pu atteindre l'arrivée tant espérée s'il avait pris à gauche. Là une noble dame aux atours colorés viens d'accrocher un pan de sa robe à une haie comme elle essayait de prendre une connaissance de vitesse. Plus loin un banquier lâche un juron dans sa barbe en constatant qu'il est revenu aux grilles de l'entrée.

Mais ils ont tous un point commun. Tous lancent des regards inquiets vers le ciel. Tous guettent le signal qui annoncera que quelqu'un vient de les devancer. Jusqu'à ce que soudain... La seconde salve de feux d’artifice vient rompre le silence et éclairer le ciel hivernal.

Quelques jardiniers ayant participé à la mise en place de l’événement de ce soir font leur entrée dans le labyrinthe pour en secourir les participants. La course est terminée, un chanceux ou un esprit plus vif que les autres aura trouvé le chemin avant le reste des convives.


Vous l'aurez compris, vous n'avez pas gagné. C'est un autre qui remportera le prix tant attendu et remis par sa Majesté.

Le sujet reste ouvert et vous avez jusqu'à la mise en place de l'intrigue pour faire sortir votre personnage si le cœur vous en dit. Vous n'avez plus besoin des dés pour cela, il vous suffit de suivre un des hommes envoyés pour chercher les convives.

N’est-ce pas gracieux de la part de la Reine que d’avoir fait organiser cette grande fête dans Hyde Park? Bien entendu, Lord et Lady Anderson furent invités, avec tous les égards et la courtoisie due à des personnes de leur rang mais…

Mais on ne refusait pas une invitation de la Reine, alors on faisait préparer la plus belle robe d’hiver de tout Londres, à la toute dernière mode avec ses larges rayures bleu royal et blanches, manchon et col de vison d’un blanc pur, on enfilait de jolies bottes bien chaudes, un exquis petit chapeau de fourrure et on allait faire bonne et gracieuse figure auprès des autres nobles, les bourgeois triés sur la liste et quelques gens du petit peuple pour faire montre de générosité en ce temps de festivités.

Étonnamment Charlotte n’a aucune envie d’être là ce soir. Elle préférerait être au chevet de son mari, s’assurer qu’il a suffisamment de couvertures pour le tenir chaud en cette soirée qu’elle ne peut que qualifier de glaciale. Elle s’efforce tout de même de représenter dignement sa famille et adresse sourire courtois, salutations charmantes et paroles aimables à tous ceux qui l’abordent. Impossible d’éviter les questions au sujet de la santé de Lord Anderson, et sous le masque doux et bienveillant qu’elle aborde, Charlotte se sent au bord des larmes à force de recevoir ces vœux de compassion plus ou moins hypocrites de la part de ses congénères.

Si bien qu’elle s’est éclipsée un moment le temps de reprendre contenance, ratant ainsi le début du jeu du labyrinthe. Pas plus mal, elle ne se sent pas d’humeur aux jeux ce soir et bavarde plutôt avec quelques dames qui ne se sont pas senti l’esprit aventureux pour se risquer dans le dédale.

Bien rapidement, d’autres feux d’artifice annoncent qu’un vainqueur a été déclaré et ces dames regardent, d’un œil intrigué, les visages qui ressortiront cette fois du labyrinthe, et applaudissent poliment le champion du jeu.